« Quand je repense à mon histoire, il m’apparaît que la narration était en moi, elle fait partie de moi.
Je suis arrivée en France à l’âge de 13 ans, j’avais mes contes, mes chansons et mes comptines d’Haïti pour bagages. Je les disais, les jouais, les dansais pour ma famille, mes amis et mes camarades de classe. C’est ainsi que j’ai rêvé d’être comédienne et que j’ai commencé à faire du théâtre. Cette passion ne m’a plus quittée. J’ai fait un stage en 2007, avec Yseult WELSCH « Incarnation et personnalisation de la voix » au CLiO. Ce stage m’a beaucoup apporté non seulement par rapport à ma voix mais aussi à ma voie.
Pendant cette année-là, j’ai repris « Tézin », mon conte traditionnel préféré : je l’ai réécrit et mis en scène pour le présenter au concours des « Deuxièmes Pressions » à l’Atelier à spectacle de Vernouillet. Ce spectacle a obtenu trois prix : le coup de pouce de l’Atelier à spectacle et le coup de cœur de la FNAC de Chartres, ainsi que le Prix de la Meilleure Œuvre Originale aux 12éme Rencontres du Jeune Théâtre, à Savigny-sur-Orge le 29 Mars 2008.
J’ai fait une formation de comédienne au Conservatoire d’Art Dramatique Erik Satie à Paris avec laquelle j’ai joué “Incendies” de Wajdi Mouawad au Théâtre Marigny. Aujourd’hui, je suis comédienne, je conte, je danse et je chante. Grâce au projet «Initiatives Jeunes » (Jeunesse et Sports et CAF), je viens de créer « L’Oranger Magique », un autre conte Haïtien qui a obtenu le Prix de la Meilleure Œuvre Originale aux 16éme Rencontres du Jeune Théâtre à Savigny-sur-Orge le 24 Mars 2012. »
Liska Llorca Formidable travail... formidable rêve.
Histoire disponible à l’écoute jusqu’au 31 octobre 2012
La lauréate sera l’invitée particulière du CLiO à la grande nuit où « Tout le monde raconte! » pendant le festival EPOS 2012.
Ame damnée, il doit être fière de lui, monsieur le chauffeur, ce cher et tendre Alphonse, le roi, le plus beau, le plus fière et le plus rusé de tous les hommes. Est-il content de lui? Oui ou non ? Il est complément fou et il drague tout le temps. Il ne peut pas s’en empêcher n’est-ce pas ? S’il ne faisait que draguer ça pourrait passer mais là il dépasse les limites. Quand s’arrêtera-t-il? La beauté c’est quoi ? C’est quoi la beauté pour Alphonse ? Il enflamme toutes ces jolies demoiselles, qui se laissent séduire par un lion pareil. Une fois qu’il les a dévorées toutes crues, qu’elles se retrouvent avec un pépin dans leur joli bidon, elles sont obligées de partir on ne sait pour quelle raison, lui seul le sait.
Un jour je pose la question à une de ces filles que j’aime tant : « Pourquoi tu pars, dis le moi ! Car je vois et je le sais que tu ne veux pas partir ! Pourquoi es-tu si triste ma chère ? »
- Je ne peux pas te le dire, tu es trop jeune, tu ne peux pas comprendre, c’est des choses
des adultes. »
Toujours des choses de grands mais je ne suis plus une enfant, un bébé, je veux tout savoir, je veux le savoir.
« Je ne veux rien dire à personne. Je suis enceinte de qui tu sais, viens plus près et ouvre tes oreilles, je vais avoir un enfant et je ne peux plus garder le secret car mon ventre ne peut plus se cacher, ça va se voir de plus en plus. La sœur ne va pas être contente, de toute façon, elle va me mettre à la porte. Avant que tout le monde soit au courant et que je leur serve d’exemple, je m’en vais. Je ne veux pas être la fille de la honte, la risée de tout le monde. Adieu Beby et surtout ne m’oublie pas ».
Ce cher Alphonse il n’a pas raté son coup, à chaque fois c’est la même histoire, ça recommence encore et encore mais cette fois-ci je le sais pourquoi et je n’ai plus à poser la question à qui que ce soit. Pourquoi elles se laissent faire ? Pourquoi elles atterrissent dans ses griffes ? Pourquoi, elles ne sont pas toutes moches ? Pourquoi ne pourrait-il plus faire des enfants ? Que son lait qui sort de son bout de bois soit pourri et jeté au diable ! Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi tout ça ? Le monde est horrible, c’est terrible cher Alphonse. Alphonse, le gardien qui cours après toutes les filles et si elles se laissent mettre le grappin dessus, presqu’à coup sûr, elles se retrouvent enceintes, elles doivent alors quitter l’institution. Pourquoi a-t-il fichu tout en l’air ? Pourquoi ? Entend-il ma question? « Alphonse, Alphonse, Alphonssssseeeeeeeeeeeeeee ! Ne pourrais-tu pas te conduire autrement ? »
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Formateur : Jihad DARWICHE
Du lundi 16 au mercredi 18 avril 2012
3 jours (24 h)
L’initiation proposée par Jihad Darwiche permet d’aborder les fondamentaux nécessaires à toute personne qui souhaite raconter, quel que soit son niveau. Les participants découvriront comment :
- s’approprier un conte à partir d’un texte écrit ou d’un récit entendu
- trouver leurs propres mots, leur propre façon de raconter
- nourrir un conte, lui donner chair sans l’appesantir de détails inutiles
- dire un conte sans être moralisateur
- travailler leur présence en jouant sur la voix, le regard, la position du corps
- improviser, créer, à partir des mots, d’un morceau d’histoire ou d’un vécu
Le stage alternera des exercices individuels et collectifs. Chacun pourra amener un conte ou une courte histoire à travailler (5 minutes à l’oral).
L’enfance de Jihad Darwiche au Sud-Liban, a été bercée par les contes, la poésie et les récits traditionnels de l’Orient que racontaient sa mère et les femmes du village. Après des études scientifiques, il prend la parole comme journaliste de radio à Paris et à Beyrouth, puis comme enseignant d’arabe à l’Université de Provence et enfin, comme conteur. Depuis 1984, il anime des veillées de contes où s’entremêlent le merveilleux des Mille et une Nuits, la sagesse et le sourire. Il intervient dans les bibliothèques, écoles, centres de formation… Il anime des ateliers d’écriture et de création de contes.
