mardi 27 novembre 2007

Invités à la première de Cher Ulysse.

C’est la première fois que je voyais Ulysse. Je sais qu’il a été crée en 1981, avant ma naissance. Je sais que beaucoup de gens l’ont découvert pour la première fois au théâtre antique d’Arles, en juillet cette année-là. C'était un lieu magique pour une pièce magique toute blanche. Je sais qu'il y avait une dinde sur la scène...Après, Jean-Claude est devenu l’une des figures de proue de la jeune danse contemporaine et son Ulysse a voyagé dans le monde entier. En 1984, il faisait une escale dans la cour d'honneur du Palais des Papes...avec la sirène toute ruisselante de mer... et enfin, en 93, je crois que c'était la dernière représentation de cette première version, sur la scène de Châteauvallon, avec la mer pour fond de scène.

En 1995, il y a eu cette nouvelle version pour l'Opéra Bastille, avec beaucoup plus de danseurs (le corps de ballet de l’opéra de Paris avec Patrick Dupont et Marie-Claude Pietragalla), avec un autre nom, les variations d’Ulysse, une autre musique et toujours le blanc.

A Chaillot, le 13 octobre 2007, Cher Ulysse n’est pas tout à fait le même, ni tout à fait un autre… Dans sa note d’intention Jean-Claude écrit : « parce qu’en un quart de siècle, le monde a tourné dix mille fois sur lui-même, et pas toujours rond, et souvent ivre de ses propres abjections. La danse ne peut plus y répondre par sa seule beauté, par sa seule innocence »
Il dit aussi du personnage qu’il est «devenu Bloom, le Juif errant de Joyce», et s’adressant à lui dans une missive, il poursuit : «Tu es un Ulysse urbanisé dans les soubassements de la grisaille d’Homère, ton drapeau blanc est levé comme un dernier sourire, j’allais écrire soupir.»

Ulysse n’est plus le jeune homme plein d’espoir qui se lançait à la découverte du monde prêt à larguer toutes les amarres. Sur la scène, le décor blanc est affalé comme les voiles d’un bateau désenchanté, il laisse voir le fond de scène noir, le gris et le noir apparaissent aussi dans les costumes. Une musique électronique, celle du groupe Stringall accompagne ce nouveau voyage.

Vers la fin, Jean-Claude entre sur la scène et annonce dans un porte-voix : « la mélancolie ne passera pas ».

D’accord Jean-Claude, ne laissons pas passer la mélancolie, résistons à toutes ces sirènes qui nous chantent les mérites de l’économie, du fric, du faire comme tout le monde, d’être raisonnable. Suivons nos rêves, écoutons nos utopies, réalisons nos folies !
J’attends ta prochaine version d’Ulysse, dans 2ans ou dans 10 ans ? Sera-t-il devenu tout gris ou tout noir cette fois-ci ou aura-t-il retrouvé sa blancheur immaculée ? Rendez-vous au prochain voyage.

J’ai aimé les rythmes des danseurs, les solos, les duos … et tu sorts de là avec les pas des danseurs dans la tête et tu n’as qu’une envie : danser.

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